Depuis plusieurs jours, je baigne dans des émotions désagréables. Je regarde, j’écoute, je lis, je réfléchis. J’ai tellement tournée autour de la question dans ma tête, dans le mal aise que ça provoque en moi, que j’en ai eu des sensations physiques qui se sont manifestées; mal de coeur, étourdissements, mal de tête. Je suis convaincue que ça vient de là. Je ne dis pas ça pour me plaindre, mais juste pour dire, je pense que je n’avais jamais autant travaillé mon cerveau autour d’une question aussi difficile.
Avec tout ce qui se passe cette semaine encore, pour la première fois, j’ai voulu pousser ma réflexion plus loin en essayant de vraiment ÉCOUTER ce qu’on me disait de faire. Éduquez-vous. C’est ce qu’on nous dis. Ok, mais comment? Je pensais, somehow, que c’était la job de quelqu’un de me faire comprendre mon malaise. Premier constat; ben non. C’est notre job à nous, à nous seul, de le faire. Soyons clairs : ce n’est pas à nos amis Noirs de nous expliquer pourquoi, en tant que Blancs, on se sent mal.
La grande majorité des gens se diront d’emblée non raciste, même anti-raciste, justifications à l’appui. On se proclame « color blind ». On le croit au plus profond de notre coeur, de notre « soi ». Pour beaucoup d’entre nous, on ressent de l’amour, de la solidarité, et de la colère, de l’indignation, de la douleur pour ce qui se passe. On veut aider.
Dans notre tête c’est simple: le racisme, c’est haineux et c’est quelque chose qui appartient aux personnes haineuses, aux mauvaises personnes. On est clairement donc pas raciste. Mais NON, c’est bien plus profond, ancré et pernicieux que ça. Et ça va prendre bien plus que de bonnes intentions pour que ça change.
Sur Instagram, on a eu le Black Out Tuesday. J’ai sauté sur l’occasion de démontrer mon appui. J’ai utilisé le hashtag BlackOutTuesday et le BlackLiveMatters. On m’a dit de ne pas utiliser ce dernier, que ça empêchait les vrais messages de passer. Je l’ai enlevé. Puis j’ai lu, regardé et écouté plein de gens qui nous disaient que NON, mettre un carré noir sur Instagram, ça ne va pas aider personne. Que c’était anti-productif. Un geste « feel-good » trop facile.
Je l’ai enlevé.
Mais je ne comprenais pas. J’essayais, mais j’étais tellement perplexe. On veut démontrer notre appui. Pourquoi ce n’est pas « bien »? Je lisais les opinions. J’ai vu beaucoup de gens se sentir attaqués. Moi aussi je me suis sentie sur la défensive. Je ne comprenais pas tout, mais je voulais comprendre. Et je me suis sentie honteuse. Honteuse de ne pas comprendre. J’ai vu de belles réponses dans les discussions, douces et empathiques, mais aussi des réponses un peu agressives, accusatrices, de tous les côtés. J’ai vu beaucoup de blancs se sentir ou se faire « shamés » (par d’autres blancs) pour ne pas comprendre. Puis les voir se braquer, se défendre, se disputer. Réaliser que ça fait partie d’un cercle vicieux et que ce n’est pas une option.
Puis dans un commentaire, une fille a dit à l’autre: White Fragility, look it up. La fragilité des Blancs. Je n’avais jamais entendu parler de ce concept alors je l’ai… Googlé. Et j’ai enfin trouvé une piste de réflexion pour m’aider, à travers le travail de la sociologue Robin Di Angelo que j’ai trouvé en faisant mes recherches. Je vous partage les liens plus bas vers des lectures et entrevues.
Enfin, je sens que quelque chose m’aide à mieux comprendre. D’arrêter de patauger et de mettre un pied sur le sol, d’avoir une base, aussi petite soit-elle. De voir mes propres biais. C’est pas facile, ça remue en dedans. Ça prend une bonne dose d’humilité. Elle m’aura rarement été aussi utile, cette humilité. Mais tant pis, ça doit être confronté. Parce que juste se sentir anti-raciste, être convaincue de l’être, ce n’est pas assez. Ça ne changera rien. Et les choses DOIVENT absolument changer. Pour ça, ça prend des actions. S’éduquer, c’est un premier pas. C’est juste un pas, je le sais, ce n’est pas assez, mais c’est un début pour pouvoir ensuite prendre des actions.
Pour reprendre les mots de ma soeur Mariève qui s’exprime si bien: « oui, c’est essentiel de comprendre les concepts de privilèges et de racisme systémique pour combattre le racisme, mais si on n’arrive pas à gérer, voire à surmonter ses émotions et ses malaises, ça ne fleurira pas en actions concrètes et utiles. Nos émotions nous mènent la plupart du temps; se refermer sur soi-même (se taire) ou se braquer sont des mécanismes de défense presque automatiques pour plusieurs. En comprenant d’où viennent ces émotions négatives et pourquoi elles apparaissent, nous serons mieux outillés pour y faire face et, comme l’explique la sociologue Robin Di Angelo, pour prendre une grande respiration et foncer quand même. Parce qu’il le faut. »
Le premier article que j’ai lu qui m’a éclairé, c’était celui-ci. Il parle du travail de la sociologue Robin Di Angelo.
Puis, dans celui, il y a une entrevue avec elle. Ça m’a vraiment fait voir des choses. Le 30 minutes le mieux investi de mon temps. Écoutez-là. C’est important de comprendre ça.
Et finalement, un autre article si important à lire, cette fois-ci écrit par Di Angelo :
https://robindiangelo.com/2018site/wp-content/uploads/2016/01/Nothing-to-Add-Published.pdf
Elle a un livre aussi, que je vais me procurer par le biais d’une librairie indépendante, black-owned si possible ce serait encore mieux.
Je vous laisse sur les paroles de Robin Di Angelo, avec un extrait de cet article.
What are some ways that white people can begin to build their emotional stamina?
Foundationally [we] have to change our idea of what it means to be racist. As long as you define a racist as an individual who intentionally is mean, based on race, you’re going to feel defensive. When I say you’ve been shaped by a racist system—that it is inevitable that you have racist biases and patterns and investments—you’re going to feel offended by that. You will hear it as a comment on your moral character. You’re going to feel offended by that if you don’t change how you’re interpreting what I just said. And I would actually agree with anyone who felt offended when I say, “It is inevitable that you are racist,” if their definition of a racist is someone who means harm.
When we understand racism as a system that we have been raised in and that its impact is inevitable, it’s really not a question of good or bad. It’s just, “I have it. I have been socialized into it.” And so, “What am I going to do about it?” is really the question. And that’s where, I think, maybe some guilt could come in, when you know that and you’re still not going to do anything about it. I don’t struggle with guilt because, to the best of my ability, I am trying to challenge my socialization. So, let me be really clear: As a result of being raised as a white person in this society, I have a racist worldview. I have racist biases. I have developed racist patterns as a result, and I have investments in the system of racism. It’s incredibly comfortable. It’s certainly helped me with the barriers that I do face. And I also have investments in not seeing anything I just said—because of what it would suggest to me about my identity as a good person, if I’m coming from the dominant definition, and what it would actually require of me in action. I don’t feel guilty about that, but I do feel responsible for what I do with that socialization.
Change how you understand what it means to be racist, and then act on that understanding. Because if you change your understanding, but you don’t do anything different, then you’re colluding.
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Josianne Isabel
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